Je pousse un long soupir lorsque je repose enfin le bâton d’encens que je tiens entre mes doigts. Voilà ma prière enfin terminée et elle fut l'une des plus longues. Plus le temps passe et plus le pouvoir naturel semble disparaître, comme si le mal se répandait, encore et encore et toujours plus.

Je me laisse tomber sur un banc, le souffle court et je lève la tête vers le ciel. Le soleil est en train de se coucher et la clairière est envahie par quelques rayons orangés annonçant bientôt la tombée de la nuit. Le froid se faufile dans ma robe de princesse-prêtresse qui ne possède que des manches courtes. Vivement que je retrouve ma petite cabane à l'intérieur de l'académie !

Le temps passe si lentement depuis que je suis seule, obligée par ma famille et par cette organisation secrète à venir veiller et protéger l'académie de ses pouvoirs magiques. Conciliée, isolée et dans le secret le plus total de mon existence. Qui pourrait donc se soucier du destin de la pauvre Rey ? Pas grand monde, excepté peut-être ceux qui sont persuadés que je dois sauver le monde.

Mes pieds ont si froid dans la neige, je n'ai jamais pensé à porter des chaussures puisque je n'en avais jamais eu besoin chez moi. Peut-être que je devrais m'en trouver avant de mourir d'une hypothermie. Je grelotte et j'espère pouvoir retourner rapidement près de mon éternel et seul compagnon : le feu.

Je me redresse sur mes deux jambes lorsque je perçois du bruit au loin. Je sourcille et je m'empare de mon bâton fait de bois de chêne blanc. Qui peut donc bien connaître cet endroit ?

Qui est là ?

Je bondis tel un lynx sur un rocher et je regarde droit devant moi, surveillant les herbes qui bougent. Je ne suis peut-être pas une combattante au corps à corps mais mes pouvoirs ne me posent pas le moindre problème.

Je descends de mon rocher en constatant qu'il s'agit d'un elfe, ni plus ni moins. Il est grand, brun et il est physiquement plutôt musclé, du moins c'est ce que sa silhouette en dégage. Je le toise car il est le premier être vivant que je ne connais pas à pénétrer mon champ de vision. Un elfe que je ne connais pas, même de nom ?

Je sourcille et je m'approche d'avantage, laissant retomber le flux de pouvoir qui s'agitait précédemment autour de moi. Ne pas le connaître présente une menace pour moi puisque personne ne doit savoir que je suis ici, ni pourquoi je le suis. Je me méfie bien volontiers mais il ne me semble pas néfaste.

Je sautille d'un pas jusqu'à lui, le guettant et l'observant dans le plus grand silence jusqu'à ce que j'arrive enfin à sa hauteur.

Vous ne me dérangez pas, dis-je d'une voix douce.

Je le toise de haut en bas et hume son parfum. Je ne le connais pas et il ne me parle pas non plus. Pourtant, je connais la plupart des elfes et la plupart des odeurs de chaque famille. Il dit donc vrai.

Enchanté Donovan.

J'étire un léger sourire en signe d'amabilité car il est vrai que je n'ai pas l'habitude de rencontrer des gens. Je toise le jeune homme et je regarde tout autour de nous. Personne à l'horizon alors pourquoi n'aurais-je pas un peu le droit de faire la conversation sans trop en dire ?

Je m'appelle Rëyniel Arwandel, mais vous pouvez m'appeler Rey.

Je parle comme une princesse ce qui n'est pas forcément une bonne chose si je souhaitais que ma couverture ne soit pas immédiatement levé. J'esquisse un demi-sourire et je toise le jeune homme.

Vous vous êtes perdu ? Il n'y a pas grand monde qui ne vienne ici je dois vous prévenir. Je ne sais pas ce que vous cherchez, mais à part moi, les elfes se font très rares.

Je peux peut-être me rendre utile à vrai dire, de quoi me changer les idées de tous ces problèmes de mal et de barrières magiques !